Voyageur

Tu nais tu vis tu meurs

Et durant quelques heures

Traversant les humeurs

Dans la joie et les peurs

Tu éprouves le frisson

Brûlant toute la passion

Absorbé dans l’action

Tu effleures la raison

Confondant tous les leurres

Cumulant les erreurs

Tu es un voyageur

Arrimé à ton corps

Pris dans les tourbillons

D’une vie de sensations

Explorant émotions

Dans toutes les dimensions

Parfois s’ouvre un trésor

Une porte sur le bonheur

Et tel un trompe-la-mort

Tu exposes ton cœur

 

Observateur

Tu es l’observateur

De ta réalité

Tu es en toi porteur

De toute liberté

 

Tu te crois lié au temps

Prisonnier de cette place

Reviens à ton présent

Pour découvrir l’espace

 

Expose au monde ton cœur

Siège de la vérité

Savoure ton bonheur

D’être à tout être relié

 

Tu baignes en cet instant

Dans une rivière de grâce

Dans laquelle tu comprends

Que la vie n’est qu’une face

Ta colère

Ne fuis pas ta colère

Car c’est elle qui t’éclaire

D’un message dans tes chairs

Instant d’alerte clair

Cette étrange émotion

Riche de sensations

Surgit comme explosion

Sous certaines conditions

Elle voyage dans ton corps

Et elle reflue encore

Tant qu’elle voit désaccord

Sur une de tes valeurs

Écoute ce qu’elle te crie

Tes besoins tes envies

Une fois rétablis

Dessineront l’harmonie

Pluralité

Quel est ce monde infâme

Qui demande à toute âme

De justifier son être

D’avoir un beau paraître

Comme si vivre le Temps

N’était pas suffisant

À illustrer pourquoi

Il existe tant de Soi

Pluralité de vie

Possibles infinis

Sont lois de l’Univers

Déposées sur la Terre

Reconnaître leur valeur

Passe par la voie du cœur

Hors du moule

Soif de compréhension

Noyé dans mille questions

Ton imagination

Est un cœur en fusion

Recherche de Vérité

Et créativité

Peuvent au loin t’emporter

Jusqu’à déconnecter

Livré aux émotions

Tu es le trublion

Qui dérange l’opinion

Et déchaîne les passions

Ta sensibilité

Souvent égratignée

Tu te sens étranger

Dans un monde étriqué

Tu vis en communion

Avec les vibrations

Nourri sans restriction

De belles intuitions

Quand tu viens à douter

De tes capacités

Noyé dans l’anxiété

Tu erres décalé

Tu n’entres pas dans le moule

Tu te tiens loin des foules

Un cri de liberté

Là déposer mes mots

Pour qu’enfin mon cerveau

Vive un temps de repos

Au calme de ses flots

 

Griffonner un cahier

Composer des sonnets

C’est pouvoir murmurer

Un cri de liberté

 

Car au creux de la vague

Encore mon âme divague

Accrochés à la rague

Mes émois font zigzag

 

Ils rêvent de s’écrire

D’aller te conquérir

Décrocher ton sourire

Et enfin m’assouvir

 

Alors dans la quiétude

Revient la solitude

J’entrevois le prélude

À mes incertitudes

Percevoir le fard

Savourons l’état d’être

Au-delà du paraître

Et sans nous compromettre

Risquons nous reconnaître

 

Déployons ainsi l’art

Avant d’être vieillards

De percevoir le fard

Dévoilons l’avatar

 

Au jour du comparaître

Devant les grands ancêtres

Le chemin du non-être

Se devra d’être honnête

 

Avant qu’il soit trop tard

Accordons un regard

Au vaste canular

Que nous jouons ignares

Le vide

Toi le vide si plein

Tu contiens en ton sein

Tout hier et demain

Tout possible chacun

 

Riche de toutes les vies

Baignant dans l’infini

Perçu par mon esprit

Tu es à travers lui

 

Ta véritable essence

Dépasse la connaissance

Et garde secret le sens

De ce qu’est la conscience

 

Demain je te rejoins

Je poursuis mon destin

Vers un autre lointain

Prorogeant la non-fin

Qui t'écoute

Qui t’écoute vraiment 

Sans porter son  jugement

Qui voit tes larmes d’enfant 

Le flot de tes tourments

Qui sait prendre un moment 

Comme le fait un amant

Pour que tes sentiments 

Rencontrent un confident

Qui partage l’instant

L’espace et le mouvement

Tes pensées d’ignorant

Et ta vision du Temps 

Ta parole part aux vents

Or tu rêverais tellement 

Qu’elle s’accroche un instant 

Tant que tu es vivant 

Citoyen du monde

Je suis un citoyen du monde

Qui rêve que les frontières s’effondrent

Je veux louer chaque seconde

Avant que la vieillesse m'inonde

 

Courir les multiples campagnes

Tracer en bottes dans les sagnes

Et arpenter les hautes montagnes

Toujours nature est ma compagne

 

Franchir le seuil de mille rivages

Goûter le sable de toutes les plages

La vertu de tout paysage

Est de ravir l’âme du sage

 

À sillonner toutes les mers

À contempler chaque bout de terre

Je rêve de percer le mystère

De ce joyau de l’Univers

 

Le monde est un joli diamant

Dont les facettes donnent aux amants

Des lieux rêvés pour être vivants

Et s’unir pour la nuit des temps

 

Le trou

Que puis-je encore dire

À toi venu me lire

Tu sais tous mes délires

Tout ce que je respire

Je perds l’inspiration

Pour je ne sais quelle raison

Il n’y a peut-être au fond

Plus rien à dire de bon

J’aimerais pourtant croire

Que pour encore un soir

J’aurais encore pouvoir

De peut-être t’émouvoir

Ou bien te faire sourire

Je ne peux consentir

À voir s’évanouir

Les mots qui font frémir

Mon imagination

Mes rimes en perdition

Soutiennent mes émotions

Face à toute l’illusion

Je ne veux concevoir

Qu’il y aurait un trou noir

Pareil à un mouroir

Qui évincerait l’espoir

Vie

Ô toi l’animal

Toi qui es mon ami

Toi à qui je souris

Comme j’aime ta compagnie

 

Ô toi le végétal

Toi qui bien me nourris

Toi qui me donnes les fruits

Comme j’aime quand tu fleuris

 

Ô toi le minéral

Toi le support de vie

Toi qui sembles sans esprit

Comme tu m’éblouis

 

Ô toi le principal

Toi l’essence de vie

Toi divine énergie

Comme tu es infini

En rage

Dieu que je suis en rage

Quand je vois les images

De peuples pris en otage

Par quelques fous sauvages

 

Dieu que je suis en rage

Quand je vois les blessures

Qui toute la vie perdurent

Bien après la torture

 

Dieu que je suis en rage

Quand je vois la bêtise

D’une élite en chemise

Encore souvent transmise

 

Dieu que je suis en rage

Quand je vois le respect

Qui se fait plus discret

Qui devient sourd et muet

 

Dieu que je suis en rage

Quand je vois la misère

Qui chaque jour indiffère

Les industries minières

 

Dieu que je suis en rage

Quand je vois disparaître

Sans que beaucoup s’inquiètent

Ma si belle planète

Flâner

Flâner durant des heures

Apaiser son humeur

N’est-ce pas un des meilleurs

Chemins vers le bonheur

 

Qu’il est si bon parfois

D’adoucir ses émois

D’une balade dans les bois

D’une rencontre avec soi

 

Le cœur aime la nature

Comme le corps boit l’air pur

Il y trouve nourriture

Qui panse les déchirures

 

Rêverie révèle toujours

Une fleur sur le parcours

Qui vient porter secours

À l’âme en quête d’amour

Prière

J’aimerais tant d’une prière

Effacer la misère

Que le ciel et la terre

Soient exempts de toute guerre

Je rêverais les soustraire

Aux blessures séculaires

Que les plaies meurtrières

Se ferment de concert

Et balaient les enfers

De ceux qui ont souffert

Il y a tant de rivières

Et tant de belles clairières

Que la folie guerrière

A souillé de viscères

Elles portent en elles la chair

D’un fils ou d’une grand-mère

Personnages ordinaires

Que l’ennemi a fait taire

J’aimerais tant d’une prière

Effacer les cimetières

 

 

 

 

 

 

Bâtisseur

Qui es-tu bâtisseur

Des merveilles du monde

Qui nous rendent rêveurs

Et de joie nous inonde

 

Tu as offert aux dieux

Depuis les temps lointains

Des sites prodigieux

Mais était-ce ton dessein

 

Tes temples alignés

En ceinture sur la terre

En plus de fasciner

Restent encore un mystère

 

Tu connaissais les astres

Avec grande précision

Ton savoir si vaste

Suscite mille questions

 

Que peut-on bien penser

De cet Anticythère

D’une haute technicité

Englouti par la mer

 

Tu provoques le tourment

Face à tant de grandeur

Certains te rêvent géant

D’autres te croient d’ailleurs

Fond diffus

Ô doux murmure du Monde

Qui surgit du passé

Pour du Big Bang laisser

Une trace féconde

 

Portant ton chant cosmique

À travers l’Univers

Du vide à l’atmosphère

Tu diffuses ta relique

 

Électromagnétique

Et vague interstellaire

Preuve fossilifère

D’un début prolifique

 

Tu dévoiles primale onde

Le souffle spontané

Offrant la destinée

Que toute conscience sonde

 

 

 

Confinement

Vivre un confinement

N’a été un moment

Durant ma vie d’enfant

Le soupçon d’un instant

 

Ce fut pour moi pourtant

L’occasion pour un temps

De quelque ajustement

Une pause un bilan

 

Il y eut des jours violents

Pour femmes et enfants

Un travail éreintant

Seul devant son écran

 

Mais pendant tout ce temps

Parfois très éprouvant

Les autres êtres vivants

Ont vécu sans polluants

Adieu

Adieu enfants futurs

Il n’y a plus de nature

Plus aucune verdure

Pas un seul bol d’air pur

Car par sa démesure

Et sa désinvolture

L’Homme au grand cœur impur

A versé son cyanure

Il termine l’aventure

Avec piètre allure

Sa conscience immature

Le prive d’un monde pur

Pour sa progéniture

Démuni

Loin du vacarme des villes

Loin des foules hostiles

Le sage se replie

Pour poser son esprit

Il se sent inutile

Dans ce monde fragile

Il donne par ses écrits

Quelque sens à la vie

Ses mots semblent stériles

Parfois si malhabiles

Face au monde en folie

Il se sent démuni

Le chaos mercantile

Va nous rendre fossiles

Le monde décati

N’a su entendre celui

Qui d’une voix tranquille

Mettait en garde les vils

Râ

Quand je ne serai plus là

Tu seras toujours éclat

À briller comme un dieu

À consumer ton feu

 

Tu es l’astre de vie

Qui n’a jamais fini

De se lever chaque jour

Quand la Terre fait un tour

 

Tu as vu défiler

Bien des millions d’étés

De chaque continent

Tu as vu le mouvement

 

Tu connais la vieillesse

D’une foultitude d’espèces

Qui n’ont fait que passer

Comme aujourd’hui je fais

Dans le noir

Dans le noir de la nuit

Mon esprit s’agrandit

Il rejoint le cosmos

Laissant ici mes os

Il n’y a plus de frontière

Comme l’est la matière

Tout voyage est permis

Dans l’espace infini

Je rêve dans un moment

Qui transcende le temps

Je vibre dans le tout

Baigné d’un amour fou

Je sais la connaissance

À travers la transe

Je suis tous les possibles

Dans ce monde indicible

La source

Pourquoi la source tarit

Ai-je trop abusé

Des verbes et des écrits

Ai-je trop consommé

 

N’ai-je pas su modérer

Quand ils prenaient vie

Le flot de mes pensées

Les mots qui faisaient cri

 

Ai-je surréagi

Quand mon cœur affolé

Voulait que je te crie

Ce qu’étaient mes idées

 

Je veux encore rêver

Te parler mon ami

Et puis t’accompagner

Sur ton chemin de vie

Petite feuille

Que tu sois d’érable

Ou que tu sois de chêne

Tu es une incroyable

Machine à oxygène

Tu reçois la lumière

Et nous offre en retour

Une belle atmosphère

Un message d’amour

Et quand ton temps venu

Tu retournes à la terre

C’est sous forme d’humus

Que tu rends ta matière

Pour nourrir à nouveau

L’arbre qui porte ta sœur

Et donne aux animaux

La vie et le bonheur

Déguste

Déguste et vis le temps

Non pour ce que tu fais

Mais pour ce que tu reçois

Au fil de tes printemps

Tu perçois le reflet

Du miroir des émois

Du retour de tes choix

Du chemin que tu crées

Porté par ton amour

Tu es chaque jour le roi

De ta réalité

De tout ce qui t’entoure

Suis ce qui se présente

Et place ta confiance

Au plus profond de toi

La vie impermanente

Est une telle jouissance

Quand en elle on a foi

Les mines

Les mines du futur

Sont décharges d’aujourd’hui

Car dans la démesure

On aura tout détruit

Resteront nos poubelles

Comme unique ressource

Ouvertes sur le ciel

Elles seront cotées en bourse

Alors on se battra

Pour trier nos déchets

Et au royaume des rats

Se mêleront nos regrets

Mais il sera trop tard

Nos siècles de pillage

Seront notre cauchemar

La raison du naufrage

Au cœur

Un coup direct au cœur

Déverse en toi des pleurs

Nu face à l'agresseur

Tu subis la douleur

 

Mais tu caches la blessure

Sous une fière allure

Seul parfois un murmure

Répond à ce cyanure

 

Tu rêves bien souvent

Que viendra un moment

Où plus aucun tourment

Ne touchera un enfant

 

Alors plus un humain

Ne vivra le chagrin

La vie sera enfin

Le plus beau des chemins

Loin

Tu as quitté l’action

Pour suivre d’autres leçons

Loin des habitations

Pour la méditation

Tu vis la liberté

La nature retrouvée

Chacune de tes journées

Est sensibilité

Tu fais de l’existence

Le fleuve de ta conscience

Respirant l’innocence

Et la joie de l’enfance