Râ

Quand je ne serai plus là

Tu seras toujours éclat

À briller comme un dieu

À consumer ton feu

 

Tu es l’astre de vie

Qui n’a jamais fini

De se lever chaque jour

Quand la Terre fait un tour

 

Tu as vu défiler

Bien des millions d’étés

De chaque continent

Tu as vu le mouvement

 

Tu connais la vieillesse

D’une foultitude d’espèces

Qui n’ont fait que passer

Comme aujourd’hui je fais

Dans le noir

Dans le noir de la nuit

Mon esprit s’agrandit

Il rejoint le cosmos

Laissant ici mes os

Il n’y a plus de frontière

Comme l’est la matière

Tout voyage est permis

Dans l’espace infini

Je rêve dans un moment

Qui transcende le temps

Je vibre dans le tout

Baigné d’un amour fou

Je sais la connaissance

À travers la transe

Je suis tous les possibles

Dans ce monde indicible

La source

Pourquoi la source tarit

Ai-je trop abusé

Des verbes et des écrits

Ai-je trop consommé

 

N’ai-je pas su modérer

Quand ils prenaient vie

Le flot de mes pensées

Les mots qui faisaient cri

 

Ai-je surréagi

Quand mon cœur affolé

Voulait que je te crie

Ce qu’étaient mes idées

 

Je veux encore rêver

Te parler mon ami

Et puis t’accompagner

Sur ton chemin de vie

Petite feuille

Que tu sois d’érable

Ou que tu sois de chêne

Tu es une incroyable

Machine à oxygène

Tu reçois la lumière

Et nous offre en retour

Une belle atmosphère

Un message d’amour

Et quand ton temps venu

Tu retournes à la terre

C’est sous forme d’humus

Que tu rends ta matière

Pour nourrir à nouveau

L’arbre qui porte ta sœur

Et donne aux animaux

La vie et le bonheur

Déguste

Déguste et vis le temps

Non pour ce que tu fais

Mais pour ce que tu reçois

Au fil de tes printemps

Tu perçois le reflet

Du miroir des émois

Du retour de tes choix

Du chemin que tu crées

Porté par ton amour

Tu es chaque jour le roi

De ta réalité

De tout ce qui t’entoure

Suis ce qui se présente

Et place ta confiance

Au plus profond de toi

La vie impermanente

Est une telle jouissance

Quand en elle on a foi

Les mines

Les mines du futur

Sont décharges d’aujourd’hui

Car dans la démesure

On aura tout détruit

Resteront nos poubelles

Comme unique ressource

Ouvertes sur le ciel

Elles seront cotées en bourse

Alors on se battra

Pour trier nos déchets

Et au royaume des rats

Se mêleront nos regrets

Mais il sera trop tard

Nos siècles de pillage

Seront notre cauchemar

La raison du naufrage

Au cœur

Un coup direct au cœur

Déverse en toi des pleurs

Nu face à l'agresseur

Tu subis la douleur

 

Mais tu caches la blessure

Sous une fière allure

Seul parfois un murmure

Répond à ce cyanure

 

Tu rêves bien souvent

Que viendra un moment

Où plus aucun tourment

Ne touchera un enfant

 

Alors plus un humain

Ne vivra le chagrin

La vie sera enfin

Le plus beau des chemins

Loin

Tu as quitté l’action

Pour suivre d’autres leçons

Loin des habitations

Pour la méditation

Tu vis la liberté

La nature retrouvée

Chacune de tes journées

Est sensibilité

Tu fais de l’existence

Le fleuve de ta conscience

Respirant l’innocence

Et la joie de l’enfance

Oisiveté

Ô toi l’oisiveté

Mère de bien des vertus

La créativité

De toi est apparue

Loin du monde agité

Aucune âme n’est perdue

Quand elle sait profiter

Du temps qui lui est dû

Si quelque autorité

Ou quelque individu

Vient à te reprocher

Un temps pensé perdu

Apprends-lui que rêver

Malgré ce qu’il a cru

A toujours existé

Et n’est jamais abus

Environnement

Ô environnement

Semence des sensations

Ferment des émotions

Tu génères mes tourments

 

Toi souffle qui m’entoure

Maître de l’illusion

Tu contrôles mes passions

Depuis mon premier jour

 

Ainsi seule ma conscience

Entendant ton murmure

Reconnaît ta nature

Et t’accorde confiance

 

Car c’est d’une même essence

Que je suis que tu es

Que le cosmos naît

Au milieu du silence

Télévision

C’est toi qui donnes le ton

Et provoques les passions

À coups d'informations

Ou bien d’eurovision

Tu contrôles émotions

Et toute réflexion

Distillant une chanson

Entre deux feuilletons

En guise de diversion

Tu fuis l’éducation

Dans nombre d’émissions

Tu fais les élections

Les interprétations

Outil d’aliénation

Tu nous prends pour des cons

Le poète

Criant de vérité

De sensibilité

Il subit de plein fouet

Les blessures du rejet

 

Au fil des années

Il se voit condamné

À vivre en décalé

La dure réalité

 

Seul au fond de son lit

Seul au bord de sa vie

Le poète incompris

Survit par ses écrits

Aujourd'hui

 

C’est aujourd’hui la vie

Demain n’est que rêverie

Si ce moment est juste

Alors l’avenir s'ajuste

Ne crains pas les tourments

Ils ne sont que des vents

Auxquels tu t’adaptes

Pour maintenir ton cap

Instant après instant

Tu écris ton vivant

Tu traces le chemin

Qui fera ton destin

L'automne

Étrange et belle saison

Qui fait la transition

De la vie à la mort

Modifiant le décor

 

Les maintes feuilles vertes

Sont maintenant recouvertes

D'un joli manteau rouille

Avant qu’elles soient dépouilles

 

En prélude à l'hiver

Elles viennent nourrir la terre

Le cycle se poursuit

De la mort à la vie

Quelques mots

Quelques mots qui fleurissent

Avant que je vieillisse

Pour dire combien la vie

Interroge mon esprit

Des idées qui surgissent

Et soudain m'envahissent

Étoffent mes écrits

Répondent à l'infini

Mes émois qui rugissent

Trouvent parfois une justice

Sous les yeux d'un ami

Qui à mon âme s'unit

 

Libération

Libère ta pensée

Laisse-la s’envoler

Tu trouveras la clef

De toute liberté

 

Il y a tant de rigueur

Qui empoisonne le cœur

Que parfois le bonheur

Se cache sous les pleurs

 

En donnant libre cours

Au flot de ton amour

Tu feras de tes jours

Un merveilleux parcours

Petite goutte

Petite goutte d’eau

Toi qui tombes de haut

J’attends que tu pleuves

Pour nourrir les fleuves

Ainsi mon troupeau

Pourra à nouveau

Surmonter l’épreuve

D’une sécheresse à l’œuvre

De ce renouveau

Viendra en cadeau

Une terre neuve

De celles qui m’émeuvent

Les freins

Quels sont donc les freins

Qui inhibent tes actions

Et d’un tout petit rien

Bloquent tes décisions

 

Tu remets à demain

L’objet de tes passions

Et permets à chacun

De juger ta raison

 

Quand tu attends en vain

De parfaites conditions

D’autres sont déjà en train

D’effectuer ta mission

 

Les effets que tu crains

Ne sont que dérisions

Et l’échec qui vient

Verra d’autres occasions

 

Quand ta confiance soudain

Rompt l’anticipation

Surpasse tous tes freins

Tu redeviens fécond

Explorateur

En explorant ton cœur 

Tu laisses place au bonheur 

Et peux pendant des heures 

Admirer une fleur 

 

En explorant ton cœur 

Tu apaises ton humeur 

Et peux avec ferveur 

Rencontrer d’autres cœurs 

 

En explorant ton cœur 

Tu vis dans la saveur

Des instants de douceur

Portés par tes valeurs

 

En explorant ton cœur

Tu es l’initiateur

D’une vertueuse candeur

Qui inhibe tes peurs

 

En explorant ton cœur

Proche du Créateur

Tu sèches enfin tes pleurs

Triomphant du malheur

Temps variable

Pourquoi donc du temps gris

Vient le mauvais esprit

Qui te fait voir la vie

Sous un angle affaibli

Alors que du temps clair

S’évanouissent les misères

Et tu souhaites satisfaire

Tout ce que tu espères

Chute de sérotonine

Te voilà triste mine

Les nuages te chagrinent

Le ciel te déprime

Jusqu’à ce que la lumière

Enfin te régénère

Tu redeviens solaire

Et le bonheur t’éclaire

Désir

Désir né du plaisir

Je peux par toi frémir

Et devenir martyr

Avant de m’adoucir

 

Désir né du plaisir

Je peux pour toi agir

Et aller conquérir

Ce qui me fera périr

 

Désir né du plaisir

Je veux de toi cueillir

Ce qui peut faire rougir

Dans un profond soupir

 

Désir né du plaisir

Je ne peux réfléchir

Quand en moi tu inspires

D’invincibles sourires

 

Désir né du plaisir

Tu es tel un satyre

Diffusant l’élixir

Qui seul peut m’aveulir

Le respect

Comme la Terre pleure

Des valeurs se meurent

Quid de l’éducation

Qui avait pour mission

D’en perpétuer certaines

Et parfois non sans peine

Ainsi de cet oubli

La folie s’est servie

Envolés le respect

Et ses précieux effets

Le monde subit ton manque

Et chacun de nous trinque

Il suffirait pourtant

Qu’il redevienne présent

Pour que dès aussitôt

Il guérisse bien des maux

Cheval

Fidèle ami de l’Homme

Tu es mort dans ses guerres

Affrontant les enfers

Comme tu fus bête de somme

Durant des millénaires

En labourant ses terres

Et encore aujourd’hui

Tu cours et tu subis

Pendant que l’Homme parie

Or jamais tu n’as fui

Quand au milieu des cris

Tu sacrifiais ta vie

Parfois quand tu n’es pas

L’esclave d’un enfant

Ou bien de ses parents

Tu es simplement là

À brouter dans un champ

Vivant tes derniers temps

Monde malade

Le monde se dégrade

On en fait le constat

On écrit des rapports

Mais les guerres continuent

Comme si la Terre malade

Ne faisait pas tracas

On accumule les morts

Des batailles et des crues

Aucune de ces croisades

Pourtant nous sauvera

Notre merveilleux trésor

Une fois dissolu

Finira en cascade

Des fureurs du climat

Balayant tous les corps

À jamais disparus

Mais de cette noyade

Tu peux faire un combat

Accepter quelque effort

Pour trouver une issue

Face-à-face

T’observant face à face

Tu contemples ton image

Et aperçois les traces

Des blessures de tout âge

 

Dans ce jeu de cache-cache

Brûle encore l’abandon

Qui fait de tes attaches

Un épineux chardon

 

Meurtrissures de rejet

Te font fuir parfois

Et là tu disparais

En stratège maladroit

 

D’humiliantes souffrances

Ont suscité ta honte

Et par-delà l’enfance

Tu rends encore des comptes

 

Meurtri par l’injustice

Tu rêves de perfection

Cachant tes cicatrices

En rigides émotions

 

Tu panses encore les plaies

De hautes trahisons

Et espères contrôler

Même ta guérison

Nature

Une balade en nature

Pour sortir de tes murs

Et retrouver l’air pur

Est la meilleure des cures

 

Partager un moment

Relié aux éléments

Est bien plus délivrant

Que tout médicament

 

La présence d’un oiseau

Ou celle d’un cours d’eau

Peut guérir bien des maux

Simplement par le beau

 

Accueillir les odeurs

Et le parfum des fleurs

Émoustille ton bonheur

Apaise ton humeur

 

Un rayon de soleil

Un orage qui réveille

Sont de telles merveilles

Qu’ils appellent à l’éveil

 

Ainsi en communion

Avec la création

Tu vis dans l’abandon

Les plus belles émotions

Oiseau

Que tu sois passereau

Ou bien un échassier

Tu adoucis mes maux

Et je suis transportée

 

En écoutant ton chant

Je reçois le traitement

Ainsi bien des tourments

Deviennent évanescents

 

Ton merveilleux plumage

Est ravissement des yeux

On y voit le langage

Qu’utilisent les dieux

 

Quand tu déploies tes ailes

T’abandonnant aux vents

Ton voyage vers le ciel

M’emporte dans ses courants

 

Et je prends mon envol

Pour danser avec toi

Bousculer ma boussole

Et me retrouver moi

Inspire expire

Alors que tu inspires

Alors que tu expires

Laisse venir à toi

Un souvenir passé

Un agréable endroit

Ou bien un être aimé

 

Alors que tu inspires

Alors que tu expires

Imagine un futur

Qui durerait toujours

Qui dénué de blessures

Ferait place à l’amour

 

Alors que tu inspires

Alors que tu expires

Vis le moment présent

En toute liberté

Savoure cet instant

Le seul à exister

 

Océan

Tu donnes à ma planète

Une si jolie couleur

Que même sous la tempête

Je reste admirateur

 

Tu es source de vie

Bien souvent méconnue

Tes failles englouties

Cachent un monde inconnu

 

Tes légendaires courants

Régulent nos climats

Associés à nos vents

Dans un jeu délicat

 

Tu forces le respect

Et pourtant tous les jours

Tu reçois nos déchets

Appelant au secours

 

Ta faune disparaît

Tes glaces fondent en masse

Et l’Homme disparaît

Sans comprendre la menace

Confiance

Ô homme désespéré

Ne peux-tu un moment

Te voir plus éclairé

Pour poser un instant

Ton regard sur la vie

Comme tu l’as fait enfant

Ressentir l’infini

Le bonheur présent

Ta confiance en demain

Trop souvent oubliée

Te protège du chagrin

Fait fleurir tes projets

Alors laisse-la renaître

Pour que ton cœur s’allège

Et puisse reconnaître

Ce précieux privilège

Cette chance infinie

Le plus beau des cadeaux

Qu’est traverser la vie

Avec tous ses maux